En cette année placée sous le signe du voyage pour moi, j’ai été invité à partir à la découverte de la ville d’Izumo (出雲市 – Préfecture de Shimane), méconnue mais pourtant un haut-lieu de la mythologie japonaise ! Et je n’étais pas seul puisque j’y ai rejoint David (@lejapon), pour qui c’était le 3ème séjour là-bas !
Izumo c’est l’endroit où toutes les divinités et esprits du shintoïsme, les fameux kami, se retrouvent un mois durant pour festoyer comme il se doit ! Ce qui est amusant, c’est que durant toute cette période, les autres régions parlent du mois sans dieux, alors qu’ici c’est le contraire bien sûr 😉 Et comme si cela ne suffisait pas, Izumo est aussi connu pour être le lieu où les nuages prennent forme ! C’est d’ailleurs ce que signifient les kanjis que j’ai indiqués plus haut !
David ayant déjà vu pas mal de choses ici, le programme avait surtout pour but de compléter ce qu’il connaissait déjà. Je n’ai par exemple pas pu me rendre au musée de l’ancien Izumo, histoire de comprendre un peu mieux ce qui fait de la ville un endroit si particulier au Japon, un lieu rempli de contes et de légendes. Je vous invite donc à lire tous les articles de David pour plus d’informations ! Pour ma part, ce sera plutôt rencontres avec les locaux (artisans, artistes, chefs, etc…), activités et découvertes ! Ca me va aussi !!
Aller à Izumo en bus depuis Hiroshima
Il y a pas mal de façons de se rendre à Izumo : train (de jour ou de nuit), avion ou encore bus, c’est pour cette dernière option que j’ai opté depuis Hiroshima, puisque j’étais de très bref passage dans la région pour voir le copain Yann (@loeildutako). Comptez trois heures de trajet tout de même mais il y a de jolis paysages en chemin donc ce n’était pas inintéressant ! Il en coutera 4100 yens pour l’aller ou 7.400 yen l’aller-retour avec le JR Chugoku Bus.
Le bus en question est au nord de la gare de Hiroshima, du côté du Shinkansen. Il suffit de descendre les escaliers, de prendre un ticket au distributeur ou au guichet, et de vous rendre au quai numéro 3 !!
Mon conseil, essayez de vous placer à gauche du bus !! C’est hyper important car vous serez plus proches du bord et donc vous aurez une vue bien plus dégagée (on roule et on serre à gauche, n’oubliez pas!) !! De plus, les paysages étaient vraiment plus sympas de ce côté. Et enfin dernier détail et non des moindre, en partant le matin, la lumière était horrible côté est (sur la droite donc), en plein contre-jour en permanence, donc encore une raison de plus de se mettre à gauche !
Il est possible de réserver sa place mais passez de préférence par le comptoir pour ne pas vous retrouver placé au hasard.
En avion depuis Tokyo, ou ailleurs
David quant à lui, a logiquement opté pour l’avion depuis Tokyo, en atterrissant à Matsue qui se trouve juste à côté ! C’est évidemment clairement pour gagner du temps sur les grandes distances !
En train de nuit depuis Tokyo
Une autre solution intéressante est donc le Sunrise Express, un train de nuit qui vous permettra de vous réveiller directement là-bas pour le prix d’un hôtel puisque vous y trouverez des couchettes plus ou moins confortables suivant le tarif. A voir ici !
En voiture
Sinon il vous reste encore la solution de louer une voiture pour partir à l’aventure ! Comme pour aller voiture le fameux pont Eshima Ohashi connu pour sa forte inclinaison (la photo ne rend pas).
Enfin bref ! On est parti !!!
Rien ne se perd
Après avoir rejoins David, ainsi que Tomoko-san et Sota-san qui nous accompagneront durant ces 3 jours, le marathon peut commencer avec la rencontre de Kanou-san qui créé de drôles de personnages, à taille humaine, uniquement composés de vaisselle et de fils de fers !! Ils égaieront pendant quelques temps les vitrines des magasins aux alentours avant d’être démantelés, puisque la vaisselle pourra être réutilisée !!
Raffinements artistiques
Direction ensuite le Izumo Museum of Quilt Art, une ancienne demeure familiale rénovée par Mutsuko Yawatagaki. Madame est une artiste qui créé des courtepointes, sortes de couvertures décoratives, notamment à partir de kimono vintage. Mais se limiter à ses créations serait une erreur, tout le lieu est en réalité une exposition, saisonnière, où le sens du détail se ressent dans chaque recoin de la bâtisse. Antiquités, compositions florales, éclairages subtils, etc… C’est raffiné partout où l’on pose les yeux. Et puis pour rajouter au charme de l’endroit, dégustation d’un petit thé vert avec la bonne pâtisserie qui va bien !
Expérience spirituelle
Le lendemain nous reprenons la route pour nous rendre au temple Ichibata-ji afin de rencontrer le prêtre en chef, Iizuka-san, pour une séance de zazen, la méditation assise. Brièvement cela consiste à se focaliser sur une pensée, généralement philosophique ou spirituelle. Pour cela, la position doit être rigoureusement respectée pour avoir une respiration totalement naturelle et ainsi faciliter cette pratique. Au bout d’un moment, le prêtre s’avance devant chacun de nous pour nous frapper l’épaule avec un bâton, mais ce n’est pas une punition pour qui ne médite pas correctement 🙂 Le but est de nous réveiller, de revitaliser le corps et de nous empêcher de partir trop loin dans nos pensées. Les coups sont secs et rapides, une douleur se ressent bien sûr sur le moment (plus forte que je pensais d’ailleurs), mais étonnamment elle se dissipe très vite pour laisser place à une sorte de picotement. Dans tous les cas, je confirme que ça réveille ! C’est peut-être une bonne méthode pour les matins difficiles 🙂
Précieux breuvage
Changement d’ambiance pour visiter une authentique fabrique familiale de sauce soja, vieille de 150 ans, avec son propriétaire actuel, Oka-san. Petite dégustation de différentes déclinaisons pour commencer, avant de voir les énormes cuves en bois où la fermentation se fait. Pas le droit se s’approcher trop près pour ne rien laisser tomber dedans, mais c’est vraiment intéressant à voir. Ce n’était pas ma première fabrique du genre mais je n’avais pas pu rentrer dans ces parties, c’est donc maintenant chose faite 🙂 Et pour finir, je n’ai pas pu m’empêcher de leur acheter quelques bouteilles, tant qu’à faire !
Personnages animés
Nous avons pu assister ensuite à des répétitions de spectacle de marionnettes traditionnelles, avec un conteur et une joueuse de shamisen en accompagnement. David et moi avons même pu manipuler ces personnages quelques instants, en total free-style ! Nous avons également eu le privilège de voir deux anciennes marionnettes, de 100 ans d’âge, dont le fameux samouraï auquel j’ai donné vie précédemment !
Théâtre traditionnel
Tout s’enchaine décidément très vite et nous voilà déjà dans un autre endroit, avec de nouvelles rencontres ! Cette fois-ci il s’agit de Izumo Kagura, une danse théatrale sur de thème de l’amour ou encore des batailles entre dieux, et qui est intimement connectée aux origines de la région. Il faut déjà s’y mettre à deux ou trois pour habiller chaque acteur des multiples couches de vêtements, et des superbes masques qu’ils doivent porter. La répétition n’a pas commencé mais je les plains déjà car il fait très chaud dans la pièce… Et sans surprise, c’est encore plus chouette une fois en mouvement, avec la musique, les percussions, et toute la gestuelle de l’ensemble. C’est déjà impressionnant mais j’aurai voulu voir ça sur scène du coup ! Voeu à moitié réalisé avec le DVD généreusement offert, merci à eux, j’en demandais pas tant !
Sur les traces du calmar
La journée n’est toujours pas terminée, il nous reste encore à se rendre dans un petit village de pêcheurs, où nous dinerons et dormirons, mais surtout pour embarquer sur un bateau avec Abe-san, le chef du village, afin d’aller attraper des calmars en mer à la nuit tombée ! Accessoirement, le simple coucher de soleil, avec ce dernier qui sort d’un coup de derrière les rochers, valait le déplacement. Bref, armés d’un simple fil et d’un hameçon, il suffit de le remonter et de le redescendre jusqu’à ce que ça morde. Évidemment plus facile à dire qu’à faire ! Le démarrage est difficile et les premières prises se font attendre mais à l’arrivée la pêche a été plutôt correcte visiblement.
Regarder les étoiles
Il est enfin temps de rentrer pour se reposer… et de regarder la finale de la coupe du monde ! Le village est vraiment isolé mais heureusement il y a la télévision ! Vous connaissez le résultat et évidemment je m’en suis réjouis, mais je n’ai pas vraiment pu exulter pour ne pas déranger le voisinage !! Pas de bain de minuit improvisé !!
Croisière matinale
Déjà la troisième et dernière journée du séjour mais il reste tant à faire ! Après une petite balade solitaire, nous reprenons la mer, toujours avec Abe-san pour une excursion dans la baie avec quelques rochers amusants en forme de nez de cochon ou de sphinx, et surtout quelques cavernes à l’eau turquoise et transparente. Superbe.
Séance de rattrapage
Nous avons visiblement un peu de marge sur le programme alors direction le sanctuaire d’Izumo Taisha, deuxième lieu le plus sacré du Japon (après Ise), pour que je puisse le voir moi aussi. Cela reste en soit un sanctuaire shintoïste mais c’est tout de même assez différent de ceux que je peux voir à Kyoto. L’une des particularité ici, c’est d’avoir la plus grosse shimenawa du Japon, ces cordes qui délimitent une zone sacrée dans les sanctuaires. Celle-ci mesure 13,5 mètres de long et pèse environ 4,5 tonnes ! Fabriquée avec de la paille de riz, elle est changée tous les 6 à 8 ans, et c’était le tout dernier jour pour celle là puisque une nouvelle allait être apportée par camion et posée par des grues le lendemain.
Également, les bâtiments sont reconstruits tous les 60 ans (contre 20 ans à Ise). C’est bien chouette en tout cas, et ça donne envie de revenir à d’autres moments de la journée pour profiter d’une plus belle lumière, car le potentiel photogénique est clairement bien là.
Matsuri d’été
Nouvelle étape, à la découverte d’un matsuri au sanctuaire Ichimori Jinja, avec notamment une procession de deux démons qui effrayaient les spectateurs, un petit mikoshi porté (poussé) par des enfants, et une étrange structure… motorisée ! Et il valait mieux vue la pente pour atteindre le hall principal ! Là encore nous avons pu échanger avec quelques locaux ainsi qu’avec le prêtre principal du lieu.
Offrande naturelle
Et enfin, car toutes les bonnes choses ont une fin, nous terminons par une dernière petite visite avec le temple bouddhiste de Iwane, qui se trouve au pied d’une falaise. On y trouve une bigogne à grandes fleurs, une liane qui pousse sur le flan de la roche et qui, quand elle fleurit, est comme une offrande à bouddha ! Malheureusement ce n’était pas la bonne saison pour ça !!
C’est sur cette bien jolie visite que s’achève donc mon séjour à Izumo ! Un vrai marathon, sous une chaleur accablante, qui nous a lessivé mais indéniablement super intéressant avec de multiples rencontres, découvertes et expériences !
6 Comments
Sylvie
mars 31, 2019Bonjour,
Je viens de découvrir votre blog. Je suis très intéressée par le Japon et j’ai hâte de vous lire.
Je souhaiterais être prévenue lorsque vous publiez de nouveaux articles.
Salutations
Maître Po
novembre 01, 2019Bonjour,
Effectivement, votre photo de l’Eshima Ohashi ne rend pas comme certaines photos que l’on peut trouver sur le Net, où on a l’impression d’être face à un mur…
Une explication ?
Merci,
MP
Geoffrey Author
novembre 28, 2019C’est un effet d’optique et de compression quand la photo est prise de loin avec un gros zoom !
Maître Po
décembre 06, 2019OK, merci pour l’explication. Je verrai bien sur place ^^
Je ne l’avais pas dit, mais les photos de cette page sont très belles. Et c’est rare.
Geoffrey Author
décembre 11, 2019Merci beaucoup alors 🙂
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