Suteki est né de la volonté de partager mon expérience au Japon et de faire découvrir les différents aspects du pays, mais surtout du fait de vouloir le faire au travers de photos et de vidéos de qualité. Pourtant, ma passion pour la photographie s’est révélée assez tardivement, voici comment j’y suis progressivement venu…
La photo de touriste
En 2009, lors de mon premier voyage au Japon, il m’avait fallu rassembler toutes mes économies pour pouvoir enfin découvrir ce pays. Muni d’un simple appareil photo compact, j’avais pris plus de 2000 photos en un mois, des photos à la volée de tout ou presque. Des clichés qui, s’ils montrent beaucoup de belles choses, restent de simples souvenirs personnels dénués de toute forme artistique, de la photo de touriste en somme.
A mon retour et encore surexcité par mon voyage, je voulais logiquement partager cette expérience avec mes amis en leur montrant mes photos. Mais comme je n’avais pas trié grand chose, voire rien du tout, ils ont du se farcir mon longue monologue et mes trouzemilles clichés. Passé les 10 premières minutes, ils ont du souffrir les pauvres !
Le virage de la vidéo
En 2013, je me suis tourné vers la vidéo avec l’acquisition d’un caméscope, avec en ligne de mire la réalisation de petits clips musicaux, comme celle qui m’a inspirée , Japan : Heartbeats of Time, que j’ai trouvé super cool à l’époque (et qui l’est toujours). J’ai tourné de très nombreuses séquences avec, mais pour diverses raisons, je n’ai réalisé que 2 clips. L’un se consacre à Nara, et l’autre aux temples et matsuri d’une manière générale (qui sera mise en ligne prochainement).
Deux clips, c’est peu et j’aurai clairement aimé en faire beaucoup plus, mais cela prend un temps fou à produire, notamment quand on cherche à tout caler en rythme sur la musique, qui est un vrai casse-tête à trouver. Je veux dire par là trouver LE bon morceau qui complètera bien les images. Je ne veux pas prendre n’importe quel titre de J-pop et coller n’importe quoi dessus, ça n’a pas d’intérêt pour moi. Tout cela prend du temps et quand le résultat final est là, mais que votre vidéo se retrouve tout de suite noyée dans la masse Youtube et reste au ras des pâquerettes, il faut bien avouer que c’est assez démotivant. Mais cela ne signifie pas que je vais arrêter pour autant !
Mais le problème des caméscopes, c’est que malgré la qualité évidente de l’image brute (résolution 1080p), elle se trouve être assez plate, presque sans âme. Tous les plans sont nets et il faut zoomer à fond pour voir apparaitre un timide flou artistique en second plan, ce qui n’est pas pratique du tout. L’image produite par un caméscope est trop réelle, trop fluide, trop « reportage » à mon goût finalement. La créativité s’en retrouve clairement bridée, ce qui ne me plaisait plus.
Côté photo, je continuais à prendre mes clichés de la même façon avec mon compact. On m’avait pourtant prêté un vieux reflex, un Canon 350D et deux optiques, le 18-55mm du kit et l’incontournable 50mm f/1.8. Mais malgré sa supériorité sur mon compact, j’étais un total novice en la matière, je ne l’exploitait pas et donc mes photos n’étaient pas forcément meilleures.
La révélation du reflex
En 2014, au tout début de l’année, un ami rencontré à mon école de japonais m’a prêté pour une journée son Canon 5D Mark II, le fameux reflex semi-professionnel qui a révolutionné le monde de la vidéo en 2008 en intégrant la possibilité de filmer en haute résolution (1080p), une première sur un appareil de ce genre. Grâce à ses objectifs interchangeables, dont le choix est énorme, et son capteur plein format, Canon a rendu accessible à (presque) tout le monde l’aspect cinéma tant recherché par de nombreux vidéastes. Car même si cet appareil (et son remplaçant le 5D Mark III) coûte toujours un bras, à savoir plusieurs milliers d’euros, les caméras professionnelles coûtent quand à elles 5 à 10 fois plus ! La créativité fut alors débridée et le monde du cinéma ouvert à tous, puisque depuis, les autres constructeurs se sont engouffrés dans la brèche.
Bref, tout ça pour dire que j’ai pu essayé cet appareil et constater les choses par moi même. Et là, ce fut le choc. En 10 minutes, j’avais l’impression de faire mieux que tout ce que j’avais pu filmé pendant les mois précédent avec mon petit caméscope. Enfin je pouvais jouer sur la profondeur de champ, les flous, avoir mon sujet bien détaché du reste, j’avais une image avec du caractère ! Je pouvais tenter une approche plus travaillé et plus artistique des mes plans.
Le résultat de cette journée d’essai fut ce troisième clip réalisé à Kyoto, entre le marché de Nishiki et le Yasaka Jinja. Les retours furent bon, mais il passa encore inaperçu sur Youtube… Mais je suis tombé amoureux de ce rendu et surtout de l’expérience que pouvait offrir un reflex en vidéo, en terme de créativité et de possibilités. Dans le même temps, j’en profite pour prendre également des photos, et je trouve que le rendu « brut » est très sympa. La différence me saute aux yeux, ce qui n’était pas le cas encore le 350D et mon compact.
Changement d’arme
Quelques mois plus tard et après une très longue réflexion, j’ai décidé de franchir le pas. J’avais donc le choix entre de nombreux modèles, mais sans même explorer les autres pistes comme Sony (A7) ou Panasonic (GH3/4), dès le début, je n’avais d’yeux que pour Canon et son rendu cinéma dont tout le monde parlait. Pour la vidéo, les 60D et 70D semblaient pourtant tout désignés avec des fonctions vraiment dédiées, mais certaines faiblesses techniques comme l’aliasing et le moiré m’ont fait douter, tout comme le 6D chez les plein format d’ailleurs. Le 5D Mark II se trouvait quant à lui à des prix plus raisonnables en occasion mais avec des boitiers vieux de 3-5 ans qui ont bien servis, et sans objectif… Au final, j’ai bien tenté de rester sage, mais il m’était impossible de passer outre ces défauts et je finissais toujours par revenir sur le 5D Mark III, que je voyais comme le top du top, et comme un choix sur du long terme.
Dans un acte coupable, je finirai pas succomber à cet appel irraisonné, profitant du taux de change avantageux et d’une boutique sans taxe pour tout de même économiser près de 800€ par rapport au tarif français. Avec le recul, j’aurai probablement pu me contenter et faire mes armes avec un 70D ou attendre le GH4, mais sur l’instant, je me suis laissé convaincre par internet que c’était le mieux à faire. A l’époque encore un newbie, il n’a jamais été question de prendre ce modèle pour me la péter ou pour compenser la taille de ma b… . J’ai tellement adoré le feeling du 5D Mark II qu’il m’a semblé difficile de revenir en arrière…
Le paradoxe
Avec un appareil de ce calibre, je suis en théorie paré à tout ou presque. Mais surtout, il aurait été dommage de ne pas exploiter la partie photo, qui est quand même sa fonction principale ! Je l’ai acheté en priorité pour la réalisation de clips, mais le fait d’avoir une camera douée aussi bien en photo qu’en vidéo était évidemment un plus. Plus de jonglage entre deux appareils pour passer de l’un à l’autre ! Ce que je n’avais pas prévu, c’est que je passerai plus de temps à prendre des photos que des vidéos. Et il est bien là le paradoxe ! Cette caméra achetée pour la vidéo m’a surtout donné envie de faire de la photographie ! Mais même si les premiers essais étaient prometteurs, je me devais de faire mieux avec une telle caméra.
Il fallait donc que je devienne un meilleur photographe pour faire de meilleurs clichés, et surtout pour faire « honneur » à ce matériel, car ce n’est pas le 5D qui les ferait à ma place. Cela passait (et passe encore) par l’augmentation de mes compétences en la matière. Pour cela, pas le choix, des tonnes d’articles et autres tutos pour apprendre, et surtout de la pratique et toujours de la pratique.
Et maintenant ?
Aujourd’hui quand je compare mon niveau à ce que je faisais avant, je me rend compte que j’ai beaucoup progressé en quelques mois. Bien sûr je reste un amateur et je ne me prend pas pour ce que je ne suis pas. Il y a encore énormément de choses à apprendre et à améliorer, mais j’ai soif d’apprendre et je pense pouvoir faire mieux à l’avenir.
Je fais surtout des photos de reportage et de paysage, mais j’aimerai un peu plus élargir mon arc de compétences en me lançant notamment dans la réalisation de portraits par exemple, mais encore faudrait-il trouver des modèles ! Cela viendra peut-être, on ne sait jamais ! En parallèle, je me suis aussi lancé dans l’apprentissage de Photoshop maintenant que je gère assez bien son petit frère Lightroom. C’est difficile à prendre en main et je ne fais encore que des choses assez faciles mais il y a tellement de nouvelles choses à créer avec cet outil ! Enfin, les clips musicaux ainsi que d’autres projets sont en réflexion !
Le fin mot de cette histoire, c’est que c’est un appareil mille fois au dessus de mes compétences qui aura révélé en moi cette passion pour la photographie, bien aidé par mon attirance pour les belles images en vidéos. Les deux ont de toute façon beaucoup en commun. Mais attention, ce n’est pas la caméra qui fait de bonnes photos, mais bien le photographe ! Le 5D a juste agit comme un déclencheur dans mon cas, et aujourd’hui je pourrai surement avoir de bons résultats avec un modèle bien plus modeste. Il m’a juste montré que je pouvais des choses sympas et m’a poussé à m’améliorer.
Aujourd’hui, par mes compétences, et non pas par l’appareil (qui n’est qu’un moyen de les mettre à profit),
Je me considère enfin comme un photographe (toujours amateur bien sûr :p )…
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